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La Chronique Ovine du Sud Est : Qualité de l’eau d’abreuvement dans les impluviums et les abreuvoirs

Le changement climatique impacte les conditions de pâturage et d’abreuvement des troupeaux sur alpages et parcours. Les années « hors normes » se multiplient, rendant l’adaptation des systèmes pastoraux plus complexe. Le besoin d’abreuver les animaux augmente avec les années chaudes et sèches : pouvoir mettre à disposition de l’eau en quantité et qualité suffisante est essentiel.

Depuis 2021, le Réseau Pastoral Alpin (qui regroupe les services pastoraux du nord et du sud du Massif : CERPAM, ADEM, FAI, SEA73 et SEA74) travaille sur la qualité de l’eau stockée dans les impluviums pour l’abreuvement.

Pense-pas-bête n°1 : c’est quoi un impluvium ?

Un impluvium est un bassin de collecte et de stockage de l’eau issue des précipitations (pluie ou neige). Ce type d’équipement permet de « créer de l’eau » sur des quartiers où il n’y en a pas.

NB : les animaux ne vont pas boire directement dans l’impluvium qui est clôturé pour éviter toute intrusion. L’impluvium alimente des abreuvoirs.

Pense-pas-bête n°2 : pourquoi « travailler sur la qualité de l’eau » ?

Les services pastoraux se sont associés à la FRGDS PACA pour améliorer les connaissances et pouvoir répondre à des questions des éleveurs. Il n’y avait pas de bibliographie ou de suivis techniques probants sur la qualité de l’eau dans les stockages tels que les services pastoraux les réalisent avec les éleveurs et collectivités. L’objectif premier de ces suivis était donc de mieux connaître la situation : un état des lieux sur la qualité de l’eau stockée pour l’abreuvement sur l’espace pastoral du massif des Alpes. Il s’agissait donc de dresser un portrait de l’”abreuvabilité” de l’eau dans les impluviums et les abreuvoirs, sans objectif de représentativité statistique dans l’échantillonnage.

Le travail réalisé

Sur 3 ans, de 2021 à 2023, 164 prélèvements et analyses ont été réalisés dans 50 impluviums et abreuvoirs associés.

Tous les départements ont utilisé le même protocole de prélèvement et d’analyse. Les analyses ont été les mêmes pour tous les échantillons sur les 3 années, réalisées pour chaque département dans son laboratoire vétérinaire départemental, avec une mutualisation du laboratoire pour les échantillons en Région Sud-PACA. Les paramètres étudiés étaient :

  • Analyses microbiologiques : coliformes totaux, Escherichia Coli, Entérocoques intestinaux (et salmonella spp. en PACA)
  • Analyses chimiques : pH, conductivité, matières en suspension, Carbone Organique Total, Nitrate et Nitrites

Les résultats

Plutôt bons ! Les analyses bactériologiques (E. Coli, entérocoques intestinaux et coliformes totaux) montrent des résultats satisfaisants dans plus de 3/4 des impluviums. Sans surprise, les stockages nettoyés régulièrement présentent une qualité de l’eau meilleure que ceux qui ne le sont pas.

Par contre, la situation se dégrade nettement dans les abreuvoirs ! Il apparaît donc essentiel de maintenir les abreuvoirs propres pour pouvoir proposer aux animaux une eau d’une qualité la plus proche possible de celle dans l’impluvium.

Des améliorations possibles ?

Bien sûr ! et c’est l’objet du groupe de travail cette année ! Recenser et documenter les améliorations possibles dès la conception des ouvrages pour limiter les contaminations, et faciliter leur entretien et leur robustesse. Et aussi, améliorer les installations d’abreuvoirs, au centre du dispositif : l’objectif est de bien faire boire les animaux !

A noter : il y a une différence entre la qualité bactériologique de l’eau dans les impluviums (l’abreuvabilité est correcte pour nos ruminants d’élevage) et le fait que cette eau présente une odeur ou un goût qui dégoûte les animaux. Dans ce cas, la première action à réaliser est de bien nettoyer les abreuvoirs (les frotter, les vidanger complètement, les rincer). Si la situation persiste, des filtres à particules puis à charbon peuvent être ajoutés entre l’impluvium et les abreuvoirs.

Vous voulez en savoir plus ?

Un livret présentant tous ces résultats sortira d’ici le début de l’année 2026.

En attendant, RDV sur le site Internet du CERPAM pour (re)découvrir le précédent « Guide pratique – Stocker l’eau pour abreuver les troupeaux : un choix rationnel et indispensable face au changement climatique« . Vous trouverez d’autres documents qui pourront vous intéresser dans la partie « Boîte à Outils / Outils techniques ».

Et si vous avez un projet ou des questions, vous pouvez également contacter directement les ingénieurs en poste dans votre département.

Auteur : Marie Gontier – CERPAM

Coordinateur des chroniques ovines : Rémi Leconte – MRE

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