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Quel intérêt du pâturage du sainfoin contre les strongles ?

Le sainfoin, est une plante bien connue dans la région pour ses intérêt agronomiques. Cette légumineuse est non météorisante et donc facile à faire pâturer et elle est riche protéine, ce qui permet d’en faire du foin de bonne qualité. En complément, le sainfoin est riche en tanins.

Selon plusieurs études réalisées in vitro, les tanins condensés possèdent des propriétés thérapeutiques contre les strongles gastro-intestinaux. De fait, leur consommation aurait pour conséquence une baisse de la charge parasitaire en diminuant la fertilité des vers femelles ou en stoppant le développement larvaire. Cette diminution d’œufs rejetés pourrait conduire à réduire la contamination des pâtures et ainsi à ralentir la dynamique des infestations.

Pour confirmer des hypothèses, dans le cadre du projet Casdar Fastoche, des essais de pâturage de sainfoin par des agnelles en croissance ont été réalisés sur la ferme de Carmejane 2 années consécutives.

Dans les deux cas, les agnelles, âgées de 4 mois en début d’essai, excrétaient très peu d’œufs de strongles en début de pâturage.

En 2019, deux modes de pâturage du sainfoin ont été comparés à celui d’une prairie à base de graminées : sous forme de cure de trois semaines (temps nécessaire pour obtenir un effet antiparasitaire selon les références bibliographiques) ou bien en continu sur plusieurs mois. Quatre mois après le début du suivi, les taux d’excrétion des agnelles pâturant le sainfoin en cure étaient 3 à 4 fois supérieurs à ceux des jeunes femelles qui ne disposaient pas de tanins.

En 2020, les deux types de prairies ont été pâturés en mode continu. Après 84 jours de pâturage, les résultats des analyses coproscopiques indiquent des taux d’excrétion très élevés avec plus de 1000 œufs par gramme (opg) en moyenne pour les deux lots d’agnelles. Toutefois, le nombre d’animaux dits « excréteurs », c’est à dire à plus de 500 opg de strongles digestifs (usuellement considéré comme seuil de traitement) est moins important lorsque les agnelles ont pâturé le sainfoin : 73 % contre 96 % pour les agnelles consommant uniquement des graminées. En revanche, les proportions d’agnelles excrétant plus de 1000 opg sont très voisins : 70 % pour le sainfoin contre 76 %.

Les résultats sont ainsi contradictoires selon l’année, le pâturage de sainfoin ne peut garantir seul une protection contre les strongles gastrointestinaux. Parmi les hypothèses possibles, la quantité de tanins ingérés par les animaux au pâturage ne serait peut-être pas suffisante pour atteindre les taux utilisés lors des essais in vitro.

Pendant ces 2 essais, les agnelles pâturant les prairies de sainfoin avaient des niveaux de croissance très satisfaisants (entre 120 et 140 grammes par jour). Le sainfoin, même si ses qualités anthelmintiques n’ont pas été démontrées, reste donc une plante très intéressante pour ses qualités agronomiques et nutritionnelles.

 

Auteurs : Pierre-Guillaume Grisot et Laurence Sagot, Institut de l’Elevage

Coordinateur des chroniques ovines : Rémi Leconte – MRE

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