La Chronique Ovine du Sud Est : La productivité pour améliorer sa marge brute
Le projet ATECHFILO, menée sur les campagnes 2022–2023 auprès de 33 élevages adhérents à l’association Ciel d’Azur et engagés au label « Agneau de Sisteron », a permis à partir d’une étude statistique d’identifier les leviers pour améliorer la marge brute des ateliers ovin.
Economie : comment augmenter sa marge brute ?
Nous observons qu’il existe de forts écarts entre les marges brutes par brebis au sein de l’échantillon. La marge brute est la différence entre le produit et les charges opérationnelles (alimentation du troupeau, frais d’élevages et frais de surface fourragère). La médiane est de 35€/brebis tandis que le minimum est de -5€/brebis et le maximum 99 €/brebis. Plusieurs facteurs tel que le taux de labélisation, la productivité numérique, la quantité de concentrés consommé ou encore le poids des agneaux sont susceptible de l’influencer.
Parmi la douzaine de facteur testé, la productivité numérique est l’unique facteur corrélé significativement à la marge brute. Autrement dit, viser l’augmentation de la productivité numérique est la meilleure stratégie possible pour améliorer la marge brute de l’atelier d’élevage. Pour rappel, la productivité numérique mesure le nombre d’agneaux vendus ou intégrés au renouvellement sur le nombre de brebis présentes en moyenne sur l’exploitation. C’est l’indicateur clé qui nous permet d’estimer la réussite de la reproduction et de l’élevage des agneaux dans la globalité.
La corrélation entre marge et produit est plus forte que celle avec les charges. Ainsi il semble que la stratégie à adopter pour améliorer sa marge soit d’augmenter son produit plutôt de que diminuer ses charges (dans une certaine limite car pour un niveau de production donné il est toujours intéressant de chercher à optimiser les charges).
Reproduction : le vrai moteur de la performance
Nous avons vu que la productivité est un élément central dans la rentabilité de l’atelier. Les ateliers d’élevage de notre échantillon montrent de forts écarts de productivité, allant de 57% à 132% avec une médiane de 84%. Plusieurs facteurs comme la mortalité des agneaux, la fertilité des brebis et des béliers, la prolificité ou l’alimentation pourraient être à l’origine de ces écarts.
Parmi l’ensemble des indicateurs testés, un seul montre une corrélation positive statistiquement significative : le taux de mise bas. Ainsi c’est bien la réussite de la lutte et la capacité à emmener les brebis au terme de leur gestation qui a le plus d’impact sur la productivité de l’atelier et donc la marge brute. La reproduction est le premier élément à maitriser pour améliorer la rentabilité de l’atelier. D’où l’intérêt de faire la chasse aux brebis improductives, de préparer brebis et bélier à la lutte (bonne état corporel et flushing), d’avoir des béliers en nombre suffisant.
Il n’y a pas de corrélation statistiquement significative entre le taux de prolificité du troupeau et le taux de mortalité des agneaux avec des races locales. Autrement dit, il semble qu’avoir des brebis prolifiques n’augmentent pas le risque qu’elles produisent des agneaux non viables ou qu’elles ne puissent pas les allaiter correctement.
Ce que l’on retient :✅ Plus d’agneaux sevrés, c’est plus de marge. ✅ Gagner plus, ce n’est pas dépenser moins, c’est vendre plus. ✅ La clé d’un atelier ovin rentable, c’est la réussite de la lutte et de la gestation. ✅ Des brebis prolifiques n’entrainent pas plus de pertes, si elles sont bien conduites. |
Auteur : Fabien Davy – Chambre d’Agriculture des Hautes-Alpes dans le cadre du projet ATECHFILO avec Ciel d’Azur
Coordinateur des chroniques ovines : Rémi Leconte – MRE
